NTIC, Syndicalisme et gendarmerie

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Syndicalisme et gendarmerie .

Gendarmerie nationale Francaise

À l’aube d’une nouvelle fronde des militaires de la gendarmerie, il est intéressant de réfléchir à la construction d’un authentique lieu virtuel de démocratie sociale au sein d’une des plus vieilles institutions militaires françaises.

En effet, depuis mars 2007 et malgré le silence auquel les personnels militaires de la gendarmerie sont statutairement réduits, parce que privés de libertés d’expression et d’association, un forum de discussion baptisé Gendarmes et Citoyens , a su rapidement fédérer sur Internet l’ensemble des revendications sociales de la gendarmerie, ceci en dehors de tout contrôle hiérarchique.

Tous les éléments d’un «associationnisme» structuré s’y sont mis en place et, quand bien même on noterait la volonté déterminée de quelques membres ultra-militants de bâtir un appareil revendicatif solide afin d’encadrer les conflits futurs, la construction de ce «proto syndicat» virtuel se situe bien à la rencontre d’une réelle contestation sociale interne.

Ce syndicat, qui peut apparaître comme virtuel, donc inexistant et sans pouvoir sur la réalité pour certains (notamment au sommet de la hiérarchie), réunit cependant tous les attributs de la réalité : des militants, une direction, une doctrine, un programme, une plate-forme, une arène, des mots d’ordre.

Gendarmes et Citoyens est en passe d’être légitimé par les grands médias télévisuels nationaux comme FR 3, TF1 et France 2.

Comment Internet a-t-il donc pu servir de terreau à cette stratégie emmenée par une petite équipe de gendarmes de moins en moins anonymes, avec à leur tête un authentique leader, le commandant Jean-Hugues Matelly, qui tient l’ensemble par un incontestable savoir-faire et un discours lucide en prise avec la contestation ?

Pour le comprendre, il faut souligner l’expertise des gendarmes en matière de NTIC (nouvelles techniques d’information et de communication), techniques totalement investies par la gendarmerie dans le cadre d’une modernisation sans précédent menée dès les années 80 : elle avait été la première des deux forces publiques de sécurité à installer des fichiers informatisés pour la recherche criminelle.

Peu à peu s’est implantée toute une culture cybernétique partagée par tous, quel que soit leur grade.

L’émergence des NTIC dans l’univers militaire des gendarmes s’est produite aussi alors que pesaient sur les organes de concertation sociale, institués au sortir des deux crises sociales gendarmiques de l’été 1989 et de décembre 2001, des soupçons d’incompétence et d’inefficacité.

La hiérarchie apparaissait de son côté inopérante pour exprimer le mécontentement et le malaise social.

C’est dans ce contexte particulier qu’Internet constituera vite, presque naturellement, par sa forme, sa fonctionnalité et les rapports qu’il établit avec ses utilisateurs, le cadre idéal de l’expression sociale en gendarmerie.

Logiquement adapté à la structure du système constitué d’une multitude d’unités territoriales, isolées, où vivent et travaillent des petits groupes d’hommes, au sein desquelles les familles sont encasernées, en déficit de communication sociale, Internet va créer de nouvelles sociabilités, remplaçant les anciens liens sociaux distendus.

Les caractéristiques d’Internet seront particulièrement adaptées à la spécificité de l’engagement des gendarmes.

Alors qu’ils ne peuvent s’exprimer et former d’associations professionnelles, la réalité de leur engagement étant impossible du fait de leur dispersion géographique et de leur incapacité statutaire, Internet leur permet de s’impliquer par un engagement indirect et un militantisme à distance tout en restant immédiat et concret.

Internet va opérer la magie de supprimer virtuellement tous les intermédiaires.

Tout en restant un moyen virtuel d’expression, Internet donne une existence réelle et quotidienne au militantisme gendarmique : ouvrir son ordinateur, se brancher sur la Toile, s’inscrire sur un site et consulter et intervenir dans une discussion (un tchat) deviennent rapidement les éléments d’un acte quotidien, dès les années 2000, pour les épouses et leurs maris.

Que ce soit virtuellement ou réellement, le gendarme sur Internet contestera le système publiquement : il sait qu’il est lu par d’autres gendarmes, par des civils et par l’ensemble de la hiérarchie.

Peu à peu, le gendarme dans sa brigade va voir se constituer tout un réseau électronique d’interventions qui ressembleront aux siennes.

L’essentiel, pour les gendarmes cyberactivistes, c’est bien de s’inscrire, non pas dans une organisation idéologique, mais dans des projets, ou de reprendre des projets initiés par d’autres et d’exploiter tous les liens et toutes les connexions qui peuvent s’avérer efficaces.

Grâce à Internet et à une organisation virtuelle sans chef, les plannings d’activités, les mots d’ordre et les lettres d’information seront largement diffusés et permettront de renforcer et de maintenir des contacts.

Les échanges virtuels viennent renforcer les sociabilités en vigueur, consolider une identité collective ainsi qu’une conscience sociale assez vive et maintenir une capacité de mobilisation sociale.

Toujours en veille sur le réseau, le gendarme est sans doute désormais prêt, très facilement et très rapidement, à descendre dans la rue à la moindre alerte qui peut passer inaperçue à ceux qui sont en charge de la bonne gestion sociale de la gendarmerie.

Pour conclure, posons-nous la question de savoir si Gendarmes et Citoyens n’a pas déjà acquis suffisamment de légitimité afin de pouvoir remplir le rôle de partenaire social au sein de la gendarmerie.

N’est-il pas grand temps pour l’Etat de le prendre en considération afin d’éviter le pire ?

Source du communiqué de presse : www.liberation.fr

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